Re: rapides d'inga (zaire)
Publié : mar. déc. 20, 2011 19:24
plus de news sur cette descente ?, a t elle été realiser en raft ou en kayak?
Forum canoë-kayak d'eau vive francophone
https://www.eauxvives.org/forum/
Si il "a du" c'est donc une supposition ! Donc comment oses-tu le dire ?abbe a écrit :Rien n'est laissé au hasard dans se genre d'expédition je peut vous dire qu'il a du l'étudié de font en comble se rapide d'inga en tous cas moi j'y mettrais pas mon kayak.
Respect à tous ces as du kayak
lhfage a écrit :Bonjour à tous, j'ai découvert cette discussion, un peu vieille, et cette liste par hasard, en surfant, et comme j'ai vu qu'on y parlait de moi et des rapides du fleuve Zaïre (ou Congo), je me permets d'intervenir. J'ai fait partie de l'équipe qui a descendu ce fleuve de la source à la mer, mon rôle était de faire un film et un reportage photo. Je ne m'étendrai pas sur la personnalité du chef d'expé, mais cela fut un super voyage, notamment les rapides de la Luapula, qui cascadent depuis le lac Moero, tout à l'est du pays, jusqu'à la confluence avec le Zaïre. Là aussi, on était les premiers à avoir franchi sans problème ces rapides, dans lesquelles une équipe allemande s'était tuée (6 ou 8 gars). L'an dernier, suite à l'émission sur Canal+, un enfant d'une des victime m'avait contacté pour avoir des photos de ces rapides...
Il se trouve que dans l'équipe, il n'y avait qu'un seul vrai rafteur, qui a quitté l'expé après la Luapula... et pas mal de spéléos, comme moi, qui se sont révélés endurants, futés et adaptés à des circonstances hors du commun (vous savez faire un mouflage avec deux poulies et un bloqueur, et une corde de 100m, pour décoller un raft qui pèse 1 tonne avec son matos d'un rocher où il s'est posé ???). J'ai même fini par barrer le raft après l'abandon du barreur de mon embarcation, devant un truc assez immonde, c'était génial.
Pour la partie la plus féroce, de Kinshasa à la mer, l'équipe avait parlé d'abandonner, car le meilleur barreur (là aussi, un spéléo, plongeur) avait décidé de rentrer en France au plus vite, pour des raisons familiales. Sans lui, je ne voulais pas risquer ma peau dans un bateau. Au dernier moment, il a décidé de continuer... mais j'avais déjà organisé un rendez-vous vers Inga pour filmer le passage du raft. Quand j'y suis arrivé, à pied, par la rive gauche, j'ai attendu quelques heures, mais je ne savais pas qu'ils avaient mis les bouchées doubles pour passer, sans attendre mon rendez-vous, et qu'ils s'étaient retournés dans la dernière vague d'Inga. Du coup, j'ai bien regardé les rapides, au niveau de la première vague de rappel. Effroyable ! Une vague de rappel sur toute la largeur du fleuve, haute de 15 mètres... Ensuite, le courant entraîne tout sur la gauche, vers une série de herses rocheuses qui broient le fleuve... J'ai eu la certitude que l'expé de Dieuleveult était morte là-dedans. C'est juste impossible à franchir. Pour cela, il faudrait passer la vague de rappel sans encombre, et forcer le moteur, s'il ne s'est pas noyé, pour rester sur la droite, en marchant en crabe...
Pour info, les gars de mon équipe sont passés dans un amoncellement de petits bras entre des rochers et des cascades à droite de l'île aux hippopotames (c'est indiqué dans le film), il y avait assez d'eau pour ça, et pas trop pour en sortir vivants...
Nous sommes revenus pour filmer le trajet en 1987, juste de Kinshasa au bas d'Inga. Là on avait un super barreur, et j'ai filmé à bord, avec une caméra étanche. Le seul seuil que j'ai filmé de la terre était un truc qui paraissait facile, mais je ne l'ai pas senti, et c'est là où ils se sont retournés, à cause d'une erreur du chef d'expé, qui avait décidé de barrer (pour le film ?). A Inga, je les ai filmé depuis la centrale, passant par le même dédale de bras et de cascades que l'année précédente... Cette fois, j'ai vu le fleuve depuis la rive droite, longuement, et je me suis dit justement qu'un mec en kayak assez couillu avait ses chances, en passant tout à droite de la grande vague de rappel et en tirant vers la droite.
Voilà, le film n'est plus dans le commerce (mais oui, il y a un copyright, je peux envoyer des copies à qui le veut, mais comme cela me prend du temps, je demande un peu d'argent, quand même...
Il a eu plein de prix, et notamment le grand prix du festival du film d'aventure de la Plagne, en 1987, remis par le président du jury, un certain Paul Emile Victor, j'étais très fier ! (NB : c'était mon second film... en 16 mm, la préhistoire...)