GYR en Danger, nouveau projet de Micro centrale hydro-éléctrique

Message

Rivière Odyssée

Bonjour, un projet de microcentrale hydroélectrique est de nouveau en étude sur le Gyr. La Mairie Vallouise-Pelvoux est favorable au projet et veut qu'un accord soit trouvé avec le « monde de l'eau vive », La situation est urgente.
Nous avons besoin d'aide pour sauver la dernier partie "libre " de ce torrent glaciaire, linéaire déjà fortement impacté par l’hydro-électrique, qui coule dans une commune du Parc National des Ecrins, tant apprécié des kayakistes et rafteurs, pour ses forts débits, au printemps et surtout l'été, sa pente, son engagement en classe III-IV-V et sa technicité.
Le Collectif Haut Alpin pour la Protection des Torrents et Rivières est formellement contre le projet, d’un point de vue pratique, environnemental et idéologique.
Ce type de projet revêt un caractère purement économique sous couvert de la « transition énergétique », ces soit disant énergies renouvelables ont de très faibles rendements de production énergétiques pour ce types d’aménagements mais de forts revenus promis en retour aux communes et porteurs de projets, au détriment des réels enjeux environnementaux comme celui de la préservation du cycle de l’eau, et de la sauvegarde de la biodiversité.
La position du CDCK05 : la pression exercée est tellement importante que le projet se fera il faut donc négocier un maximum de mesures compensatoires pour continuer à naviguer cette rivière.
Le projet est globalement le même que celui pourtant repoussé à plusieurs reprises ces 10 dernières années: 2,5M3/Secondes captés dans le « canal de fuite » de l’Usine EDF des Claux à Pelvoux dans une conduite forcée d’environ 4,5km, et relâchés quelques dizaines de mètres avant le barrage de Vallouise (qui capte l’Onde et le Gyr) jusqu’à l’Argentière.
Un projet de développement des Energies Renouvelables « Lauréat d’un appel d’offres lancé par l’état » car considéré comme peu impactant pour l’environnement et promettant des revenus importants pour la Commune.
Nous avons dès le mois de Septembre 2023 avertis la communauté de kayakistes locaux, dont la majorité était formellement contre le projet.
Au côté du CDCK05, du SNGPCKDA (Syndicat des Guides de Canoë Kayak et Disciplines Associées) nous avons assisté à plusieurs réunions cet automne et hiver, avec des représentants de la Mairie Vallouise-Pelvoux, et les porteurs de projets EDSB et SERHY.

Nous avons dénoncé dans un premier temps la manière non transparente dont avançait le projet depuis des mois, avant que nous ne soyons enfin mis au courant en septembre 2023.

• Nous avons réussi à repousser le projet d'une saison en prouvant, grâce à nos observations (navigations et photos de la saison) que les mesures de débits que les porteurs de projets ont réalisées entre Mars- Avril 2023 et Septembre 2023 étaient éronnées. En effet leurs mesures étaient complètement irréalistes et relevaient pour les plus forts niveaux d’eau à peine 6m3/secondes…
Il est irresponsablede vouloir prélever un certain débit d’une rivière sans même connaître le débit naturel de cette même rivière, bien que ce soit légal : la loi exige de laisser un débit minimal d’au moins 1/10eme du débit normale d’un cours d’eau.
Cela prouve la méconnaissance des cours d’eau, de leur régime, de leur fonctionnement et fonctions, et le peu d’intérêt qu’ont les porteurs du projet pour cet environnement, à part leur caractère économique lucratif.
La Mairie de Vallouise Pelvoux a donc demandé une nouvelle saison de relevés, le projet continu et sera déposé en préfecture dès que leurs mesures seront considérées comme fiables , et qu’un accord sera négocié avec le « Monde de l’Eau Vive »…ou non…

• ·Nous demandons à ce que les pratiquants naviguant le Gyr nous communiquent des informations sur les périodes/jours de navigations et débits associées (photo de l’échelle à l’embarquement, ou débarquement, ou photo d’un rapide). Cela nous permettra de vérifier l’exactitude de leurs mesures, et nous aidera à « dessiner » une carte de la navigation sur le Gyr, donnera du poids à la voix des sports d’eau vive, notamment l’impact économique que nous pouvons avoir dans cette Vallée en fréquentant la rivière, argument de poids pour une commune.

Nous avons défendu de manière non exhaustive ces arguments :
• Du point de vue « Pratique » de la navigation: prélever 2,5m3/s sur un tel torrent même pas forts niveaux d’eaux aura un impact important sur la navigation, par faibles niveaux d’eaux il ne sera plus navigable :
Le Gyr est fréquenté dès le mois d'Avril lorsque les 1eres chaleurs permettent de naviguer jusqu'à fin septembre, voir plus lors des forts épisodes pluvieux de l'Automne/hiver.
Le Gyr est navigué par forts débits ce qui en fait justement son attrait, en prélever de l’eau réduit son intérêt.
Le Gyr est également navigué par faibles débits dès le matin, ou tôt et tard dans la saison, pour les kayakistes et rafteurs qui veulent limiter l'engagement et la difficulté du parcours.
Le changement climatique change les débits des rivières, et amène des changements de pratiques, les niveaux d’eaux de l’Ubaye et du Guil étaient navigables tout l’hiver, fin Mars /début Avril les niveaux d’eaux ont gonflé et l’ensemble des rivières des Hautes Alpes étaient navigables…

• Un ration impact environnemental/production énergétique complètement déséquilibré :
Le poids en réalité minime de ce type d’aménagements dans le « Mix énergétique » et la politique de « Transition Energétique » insufflée par l’Etat : 2000 Micro centrale Hydro-électriques existent actuellement en France et produisent à peine 0,25% de la Consommation électrique du Territoire Français, l’objectif de l’Etat d’en construire 1000 de plus amènerait une augmentation de la production d’à peine 0,50%. (Source France Nature Environnement), dans un contexte où le « parc existant », donc les rivières, est déjà saturée par les aménagements hydro-électriques…
Nous évoluons dans un contexte de changement/réchauffement climatique, avec une diminution des précipitations : la couverture neigeuse mondiale devrait diminuer de 9% selon les rapports du GIEC. D’après une étude statistique de la pluviométrie en France métropolitaine, on constate une baisse de 14% de la ressource en eau douce renouvelable entre les périodes 1990-2001 et 2002-2018.

• Malgré ce dernier hiver avec de fortes précipitations dans les Ecrins, les fortes chaleurs de l’été impactent les Glaciers, dont le Glacier Blanc qui fond de manière accélérée et inéluctable, il s’effondre sur lui même (Source: Parc National des Ecrins), et alimente la rivière avec des débits de plus en plus faibles au cours des années, les périodes et débits changeront encore dans les prochaines années…les torrents glaciaires passent d’une alimentation glaciaire à Pluvio-Nivale.
Un tel projet ne peut être viable à long terme dans ces conditions.

• Qu’un aménagement et un prélèvement de plus sur ce torrent amplifieront les conséquences des déséquilibres climatiques que nous vivons, augmentation du stress Hydrique avec des alternances de périodes de sécheresses et de précipitations importants et des enjeux importants comme la Sécuritépour les habitants de la Vallée:
ces prélèvements constituent une entrave à la continuité écologique, au transport des matériaux solides et ses conséquences : diminutions des débits d’eau dans la rivière, assèchement des nappes associées et donc des sources, de la végétation associée, forêts alluviales, ripisylves (dont l’une des fonction est d’absorber les crues des rivières), augmentation associée de la fragilité des berges, dégâts plus importants pour les infrastructures et habitations dans un contexte « d’effondrement du Glacier Blanc » : accumulation massive de sédiments en amont, avec un transport massifs de ces sédiments lors d’épisodes de crues.

• Que cette partie du Gyr revêt un intérêt environnemental important par ses particularités de « chevelus » de têtes de bassin, son régime glaciaire, sa dynamique de « rivière en tresses » sur les zones de gravières, avec un écosystème et une biodiversité fragile mais importante à préserver.
L’indice « planète vivante » développé par l’ONG WWF montre que les espèces d’eau douces sont les plus touchées par nos activités avec une baisse moyenne de leur population de 83% entre 1970 et 2018.
Pour informations des empreintes de la Loutre d’Europe, espèce protégée, ont été identifiées par la LPO au mois de Mars 2024 sur la Durance juste en amont à la confluence avec la Gyronde, le Gyr est donc dans le rayon qui peut constituer son territoire. Ouvrez les yeux pour trouver leurs traces : empreintes et épreintes.

Bien sûr de nombreux arguments existent il faut maintenant les faire valoir.

Nos moyens envisagés pour défendre la rivière:

• Sensibiliser les Elus et la population de la vallée de Vallouise, le grand public en général, à l’importance de la préservation des rivières, des milieux aquatiques, la préservation du Cycle de l’Eau, les solutions alternatives comme l’ « Hydrologie Régénérative ».
• Que le milieu des sports d’eau vive s’implique d’avantage dans la préservation des Milieux dans lequel il pratique, plutôt que de simplement préserver une pratique…
• Se rendre visible et crédible auprès des « autorités» et du Public en défendant nos rivières, en réalisant des actions de nettoyages des rivières par exemple, et en communiquant dessus auprès des médias.
• Se rendre disponibles pour l’ensemble des Réunions Publiques de la Région ayant trait aux enjeux de développement énergétiques et faire valoir le points de vue des défenseurs de la rivière.
• Demander une Réunion Publique en Vallouise sur le projet du Gyr (Demandes déjà faites à la Mairie de sans réponses pour le moment), afin d’informer la population des réels enjeux liés
• Pétitions
• Adopter une Déclaration Universelle des Droits des Rivières, travail enclenché par certaines associations comme « Rivières Sauvages » « Wild Légal », « SOS Durance » à déposé un moratoire sur les Droits de la Durance et l’ensemble de son bassin versant.
• Quelques pistes avancées par Michel Blanchet, Expert Région PACA de France Nature Environnement :
Contribuer à la transition énergétique avec l’hydroélectricité :
Compte tenu de leur très fort impact environnemental, économique et social, focaliser les efforts et les aides sur les vrais enjeux du parc dans le cadre de la transition écologique:
- axer sur la pilotabilité et la souplesse des ouvrages
- accroître ses caractéristiques
- améliorer leurs performances techniques
- améliorer leur insertion environnementale
- mettre fin à la pullulation des microcentrales dégradant les têtes de bassin
- inscrire les actions dans une démarche de planification globale
Compte tenu de leur très haute valeur environnementale, les Hautes-Alpes ont mission de porter une transition énergétique exemplaire par un mix d’énergies renouvelables pensé dans le plus grand respect du vivant et appuyée par un effort colossal de sobriété collective et individuelle.
En particulier s’agissant de la production hydroélectrique:
« Nous devons laisser aux torrents et rivières, et dans un esprit de partage, le droit d’exister par eux-mêmes, et pour eux-mêmes, en considérant qu’ils ne peuvent être réduits à de simples gisements de toute nature qui ne seraient intégralement dédiés qu’à notre espèce »
Si cette lettre vous parle, je vous invite à rentrer en contact avec nous, nous avons besoin d’aides, de soutien, de bras, de relayer l’information, faire évoluer les mentalités.

De la documentation disponible sur : https://collectif05rivieres.org/
La crise de l’eau, le Cycle de l’eau, des chiffres, le point avec « L’eau, Fake or Not » de Charlènes Descollonges

Vous pouvez nous contacter :
Riviere.odyssee@gmail.com
0650766908

Jean Le Tulzo, Rivière Odyssée, Ecole de la Rivière à Pelvoux, regroupement de Guides Indépendants,
Membre du club DK « Durance Kayak » de Eygliers,
Membre du SNGPCKDA et du Collectif Haut Alpin de Protection des Torrents et Rivières