oui je sais y'a de l'eau (enfin
, mais il reste que jusqu’à mercredi 12 mai 16h30 pour répondre à l’enquête publique...
voici l'avis que j'ai déposé si ça peut vous servir :
Objet : Enquête publique sur la création d’une centrale hydroélectrique sur le bassin versant de l’Oriège par la société SHEMA (groupe EDF)
Monsieur le Commissaire enquêteur,
A la lecture du dossier d’enquête publique, je m'interroge fortement sur la démarche d’élaboration du projet : Pourquoi le monde du canoë kayak n'a-t-il pas été prévenu du projet ? Qui a pris et prendra la responsabilité de la mise à l'écart de l'un des usages majeurs de la rivière ? Pourquoi mette en tuyau ce petit morceau de rivière encore libre dans une vallée où l'impact de l'hydroélectricité est déjà très important ?
En effet, EDF dont la SHEMA est une filiale ne peut ignorer la pratique du Canoë-Kayak sur l'Oriége. Pour preuve la plus récente, en 2014 des réunions entre le Comité Départemental de Canoë Kayak de l’Ariège et EDF (GEH Aude-Ariège) pour discuter de la faisabilité d’un rassemblement sur le tronçon qui serait aujourd’hui court-circuité. Une convention avec EDF avait été signée en 2015, afin de vérifier et de calibrer le débit optimal pour un rassemblement, et un lâcher d’eau organisé.
De plus nous portons à votre connaissance que le Plan Départementale de Randonnée Nautique (PDESI) répertorie l'Oriége dès 2006 et notamment exactement le tronçon visé par ce projet.
Concernant la navigation, ce parcours de classe III-IV offre, selon les différents niveaux d’eau, un potentiel de navigation pour un large panel de pratiquants, du débutant à l’expert, et est notamment un parcours école pour l’initiation à la haute rivière et la formation des cadres. En effet ce parcours a un fort intérêt au niveau régional, mais également au niveau national et international dans le cadre du tourisme nautique.
On en trouve référence sur différents supports :
le site internet eaux- vives.org avec un référencement de ce parcours dès 2001 : (
https://www.eauxvives.org/fr/rivieres/voir/oriege)
des applications mobiles tel que Rivermap ou Riverapp qui donnent des informations sur les débits,
des ouvrages de topos de rivières :
Guide Itinéraires 700 rivières de France (Daniel BONNIGAL, éd. La Pirogue, 1991)
Pyrénées Rivières Sauvages (Patrick SANTAL avec l’association Rivières sauvages et kayak sans frontières, Imprimeur S.A. BIHET, 1999)
Ce tronçon est navigable avec des débits qualifiés de faibles (environ 3m3/s) à fort pour un tel parcours(soit plus de 20 m3/s).
Le fonctionnement en éclusés de la centrale des forges d'Orlu impacte négativement la navigation mais permets néanmoins de réaliser le parcours sur éclusées de 3m3/s.
La volonté de non-renseignements des usagers de la rivière de la part de EDF quant aux horaires prévisionnels des lâchers d’eau porte préjudice à la navigation, mais avec de la patience on peut naviguer même par faible débits quand tous les autres parcours sportifs de l’Ariège et des départements limitrophes ne sont pas navigables car court-circuités par le fonctionnement des ouvrages hydroélectriques.
Il est à noter également, que ce parcours est ponctué de passerelles basses qui ont été mises en place lors de la construction de l'usine hydroélectrique des Forges d'Orlu. Elles devaient être démontées dès la fin des travaux. Les élus locaux les trouvant utiles pour traverser et aller sur leurs terrains ont demandé à EDF de les laisser en place. Cependant, vu le flou juridique sur l’appartenance de ces passerelles, elles n'ont elles n’ont jamais été démantelées ou sécurisées. Des discussions à ce sujet ont eu lieu en préfecture de l’Ariège (suite à une tentative de la mairie d'Orlu d'interdire la navigation sur ce parcours).
Ces dites passerelles, de par leur faible tirant d’air, sont un obstacle majeur à la navigation à certains débits, et semblent faire obstacle à la continuité piscicole (l'APRA le chabot en parle dans sa déposition).
Avant tout nouveau projet, il nous semblerait judicieux que EDF se place en conformité avec la loi en supprimant ou réaménageant ces deux passerelles « provisoires » mises en place par leurs soins.
Les documents fournie par la SHEMA sont d'un argumentaire très faible quand à l’intérêt énergétique de ce projet comparé à la puissance déjà installée en amont et en aval de ce projet, mais aussi comparé à l'ensemble de la puissance installée en face nord des Pyrénées.
En effet si l'on suit les motivations de la Mairie, de EDF/SHEMA et de leur avocats, on peut raisonnablement noté qu'à aucun paragraphe ils n'évoquent les objectifs nationaux et européens d'économie d’énergie et de restauration du bon état des cours d'eau - combien de logements isolé thermiquement dans la vallée pour évité la construction de cette centrale à faible production ?
En vérité ce genre de projet ressemble à du jusqu'au boutisme de l'artificialisation de la rivière, et l'administration s'y laisse trompée avec des avis trop facilement favorable pour des études d'impact mal argumenté. Par exemple pour ce projet on essaye de nous faire croire d'un coté que l'hydroélectricité est une énergie verte sans impact comparé à d'autres énergie renouvelable, et de l'autre que ce nouveau projet pourrait réduire l'impact négatif des éclusés des forge d'Orlu juste en amont...ce n'est vraiment pas sérieux !
Les rivières ont besoin de l'eau dans leur lits pour que leurs écosystèmes fonctionnent !
Il est très important de préservé des espaces naturels d'eaux vives, ils servent aussi bien la biodiversité que les usages poétiques de la rivières (promeneurs, pécheurs , kayakistes...).
Si l'état Français n'est pas capable de préservé de petits morceaux cours d'eau libres, plus aucun citoyens ne sera capables d'en comprendre le fonctionnement ou d'en apprécier la beauté et la dangerosité.
A la lecture des différentes pièces fournies dans le cadre de l’enquête publique, et en plus de l’impact environnemental et paysager que je déplore vivement dans l’intérêt des générations futures, apparaissent :
L’absence de concertation avec les différents usages, dont les activités nautiques non motorisées.
Des informations fantaisistes et incomplètes, manifestement non renseignées et inadaptées concernant les usages de l’eau :
« 5.1.8.4.2 Sports nautiques
Aucun club de kayak ou de canoë n’est recensé sur ce secteur de l’Oriège.
Hors encadrement réglementé, cette activité a été signalée ponctuellement, de manière « sauvage » mais néanmoins risquée au regard des éclusées sur le linéaire en question. »
Si effectivement aucun club de Canoë-Kayak n’existe sur la commune, plusieurs clubs, structures et professionnels sont situés aux alentours proches.
Le terme de « hors encadrement réglementé » ainsi que la fréquentation et la notion de risque évoqué ici, sont fantaisistes et erronés.
En effet, nous tenons à préciser que la FFCK (et ses organes déconcentrés), en tant que fédération délégataire, est seule habilitée à juger de de la dangerosité de l’activité et du cadre réglementaire, et plus généralement de l’organisation de la pratique, notamment en termes de représentation des usagers, d'édiction des règles techniques et de sécurité. Or elle n’a pas été concertée dans ce projet.
De même, nous sommes en total désaccord avec l’appréciation « Aucune incidence n’est à envisager par rapport à ce projet. » concluant le paragraphe 5.1.8.
Il s’avère en effet que l’incidence de ce projet sera majeure pour nos activités et les hypothéquera de façon grave.
Une incomplétude de l’étude d’impact dans son volet activité touristique, et notamment des activités nautiques, concernant le diagnostic des pratiques (erroné et notablement incomplet), l’analyse des impacts (erroné), et les propositions de mesures réductrices ou compensatoires (absentes).
La non prise en compte flagrante de la démarche préconisée dans la Note technique du 30 avril 2019 du Ministère de la Transition Écologique relative à la mise en œuvre du plan d’action pour une politique apaisée de restauration de la continuité écologique des cours d’eau, en matière de concertation.
Au vu des éléments ci-dessus, je relève des d’études d’impact incomplète et ridicule et je porte un avis défavorable sur ce projet.