De l'intérét du sport / à faire lire aux parents
Publié : dim. mai 31, 2015 10:08
Ces émotions sportives qui nous font grandir
Le Point - Publié le 07/04/2015 à 17:32
Pour Marcel Rufo, pédopsychiatre reconnu, et Jacques Verdier, passionné de rugby, la réussite sportive est aussi une victoire psychique.
Par Anne Jeanblanc
Le sport est une véritable école de vie permettant de trouver en soi des ressources physiques et mentales que l'on ne soupçonnait pas. Tel est le message que Marcel Rufo, le célèbre pédopsychiatre marseillais, veut faire passer via le dernier livre* de Jacques Verdier auquel il a largement participé. En compagnie du directeur du Midi olympique, il s'est intéressé à ces "émotions sportives qui font grandir". Et pas seulement au rugby. Toutes les disciplines peuvent procurer aussi bien de grandes satisfactions... que d'intenses souffrances. En la matière, les exemples ne manquent pas. Jacques Verdier cite les courses de fond, "quand les jambes se font lourdes, dures, morceaux de bois que rien ne vient adoucir et que l'esprit seul vous somme d'avancer". Et pourtant, bon nombre de marathoniens trouvent au plus profond de leur être la force d'aller jusqu'au bout. Avant d'éprouver la joie immense d'avoir réussi. C'est aussi vrai pour les cyclistes, ainsi que dans tous les sports de "un contre un", comme la lutte, le judo ou encore le tennis où il faut se dépasser, se surpasser, pour battre un adversaire qui a pris l'ascendant, qui semble pouvoir l'emporter.
Enseigner que rien n'est jamais acquis
"Enseigner à un enfant que rien n'est jamais acquis, mais que les choses peuvent s'acquérir à force de ténacité, de courage, d'intelligence et de modestie, ça ne me semble pas artificiel", peut-on lire dans ce nouvel ouvrage. Pour ses auteurs, le sport est un révélateur d'émotion, "la seconde chance de sublimer le fait d'être ému". Marcel Rufo est formel : un enfant émotif n'est pas pour autant un jeune fragile. De sa sensibilité exacerbée, il peut très bien tirer une force, à condition qu'on lui en donne la possibilité. La confiance en soi, note le spécialiste, remonte aux origines, aux regards et aux gestes maternels. En revanche, l'estime de soi se gagne par les études, le travail, le sport ou les diplômes. "C'est pourquoi les plus démunis affectivement sont souvent, matériellement, les plus performants dans le sport. C'est une quête de ce que l'on n'a pas eu. Une seconde chance de se reconstruire. Un colmatage. Le plâtre qui aide à tenir debout. Le sport a à voir avec la résurrection. La réussite sportive, c'est une victoire psychique."
L'échec, un mal pour un bien ?
Quant à l'échec, Jacques Verdier le juge salvateur, même s'il est parfois très dur à digérer. Un mal pour un bien ? Il n'est pas interdit de le penser. "Se départir de ses illusions, reconnaître ses faiblesses, ne plus se laisser aveugler par les songes, les chimères [...], c'est déjà un grand pas de fait sur l'échelle de l'existence." L'échec permettra au sportif de corriger ses erreurs, de mieux se comprendre et de progresser. Et aussi d'admettre ses limites, car n'est pas Nadal, Federer, Bolt ou Merckx qui veut ! D'où le conseil de Marcel Rufo : "Le choix du sport n'est jamais innocent, c'est le choix de tes qualités. Tu vas où tu te sens bon. C'est la loi d'une réassurance. L'étayage d'une partie de soi."
Le Point - Publié le 07/04/2015 à 17:32
Pour Marcel Rufo, pédopsychiatre reconnu, et Jacques Verdier, passionné de rugby, la réussite sportive est aussi une victoire psychique.
Par Anne Jeanblanc
Le sport est une véritable école de vie permettant de trouver en soi des ressources physiques et mentales que l'on ne soupçonnait pas. Tel est le message que Marcel Rufo, le célèbre pédopsychiatre marseillais, veut faire passer via le dernier livre* de Jacques Verdier auquel il a largement participé. En compagnie du directeur du Midi olympique, il s'est intéressé à ces "émotions sportives qui font grandir". Et pas seulement au rugby. Toutes les disciplines peuvent procurer aussi bien de grandes satisfactions... que d'intenses souffrances. En la matière, les exemples ne manquent pas. Jacques Verdier cite les courses de fond, "quand les jambes se font lourdes, dures, morceaux de bois que rien ne vient adoucir et que l'esprit seul vous somme d'avancer". Et pourtant, bon nombre de marathoniens trouvent au plus profond de leur être la force d'aller jusqu'au bout. Avant d'éprouver la joie immense d'avoir réussi. C'est aussi vrai pour les cyclistes, ainsi que dans tous les sports de "un contre un", comme la lutte, le judo ou encore le tennis où il faut se dépasser, se surpasser, pour battre un adversaire qui a pris l'ascendant, qui semble pouvoir l'emporter.
Enseigner que rien n'est jamais acquis
"Enseigner à un enfant que rien n'est jamais acquis, mais que les choses peuvent s'acquérir à force de ténacité, de courage, d'intelligence et de modestie, ça ne me semble pas artificiel", peut-on lire dans ce nouvel ouvrage. Pour ses auteurs, le sport est un révélateur d'émotion, "la seconde chance de sublimer le fait d'être ému". Marcel Rufo est formel : un enfant émotif n'est pas pour autant un jeune fragile. De sa sensibilité exacerbée, il peut très bien tirer une force, à condition qu'on lui en donne la possibilité. La confiance en soi, note le spécialiste, remonte aux origines, aux regards et aux gestes maternels. En revanche, l'estime de soi se gagne par les études, le travail, le sport ou les diplômes. "C'est pourquoi les plus démunis affectivement sont souvent, matériellement, les plus performants dans le sport. C'est une quête de ce que l'on n'a pas eu. Une seconde chance de se reconstruire. Un colmatage. Le plâtre qui aide à tenir debout. Le sport a à voir avec la résurrection. La réussite sportive, c'est une victoire psychique."
L'échec, un mal pour un bien ?
Quant à l'échec, Jacques Verdier le juge salvateur, même s'il est parfois très dur à digérer. Un mal pour un bien ? Il n'est pas interdit de le penser. "Se départir de ses illusions, reconnaître ses faiblesses, ne plus se laisser aveugler par les songes, les chimères [...], c'est déjà un grand pas de fait sur l'échelle de l'existence." L'échec permettra au sportif de corriger ses erreurs, de mieux se comprendre et de progresser. Et aussi d'admettre ses limites, car n'est pas Nadal, Federer, Bolt ou Merckx qui veut ! D'où le conseil de Marcel Rufo : "Le choix du sport n'est jamais innocent, c'est le choix de tes qualités. Tu vas où tu te sens bon. C'est la loi d'une réassurance. L'étayage d'une partie de soi."