Comment sortir d'un rappel

COMMENT SORTIR D'UN xxxxxx D' RAPPEL

Par Lionel LAFAY

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Extrait de CANOË KAYAK MAGAZINE, reproduit avec permission de l'auteur et du journal

La sécurité préventive autour du risque rappel est de loin la plus efficace pour contrer ce danger, car la sécurité active sur les rappels est aléatoire voire dans certaines situations, impuissante. Dans notre rubrique sécurité de ce numéro, nous essayons de vous décrire les grandes lignes de conduite à adopter pour se dégager ou sortir un compagnon d'un rappel. Nous avons traité trois situations bien distinctes qui apparaissent souvent dans un ordre chronologique lorsque l'on se retrouve confronté à un rappel. Pour chaque situation, il existe des attitudes et des techniques permettant de sortir de certains rappels.

1 - Sortir du rappel avec son embarcation sans aide extérieure

 

Comment réagir lorsque votre embarcation se fait "rappeler" (par un pleureur, seuil à rappel, rouleau à rappel) suite à une erreur de trajectoire ou à un franchissement délibéré (haute-rivière).

 

En embarcation pontée de type kayak et canoë

Dans les premiers instants où vous êtes rappelés et si vous n'avez plus de possibilité d'accrocher une veine d'eau derrière le bouillonnement du rappel, vous pouvez maîtriser la situation (si vous n'êtes pas déjà parti en looping ou dessalé) en adoptant immédiatement une gîte aval avec un appui en suspension dans le ressac du rappel et en vous stabilisant en position de "surf'. Il faut alors essayer de se dégager en se propulsant (soit en avant soit en arrière) perpendiculairement au ressac pour chercher une sortie de côté où vous pourrez accrocher une veine d'eau qui vous tirera hors du rappel. Cette technique doit être pratiquée et développée dans des rouleaux et petits rappels (elle constitue d'ailleurs l'une des techniques fondamentales en eau vive). On peut aussi essayer de chandeler son bateau en enfournant soit la pointe arrière, soit la pointe avant, en espérant que l'ancrage constitué dans la lame d'eau va vous sortir de ce mouvement d'eau. Certains préconisent également (les américains amateurs de gros volume) une fois le bateau renversé, de mettre sa pagaie au fond et de réaliser ainsi un appui "sous-marin" qui pourra accrocher la lame d'eau de profondeur et vous tirer hors du rappel (pas très évident!). Une technique efficace consiste à déjuper volontairement. L'eau remplissant le kayak,celui-ci va devenir lourd et son inertie va permettre à la lame d'eau de te propulser sous le ressac (c'est par contre gênant si d'autres difficultés attendent derrière).

 

En nage en eau-vive

On retrouve les mêmes réflexes en kayak lorsqu'on se fait rappeler avec un flotteur de nage en eau-vive. Il s'agit de conserver son flotteur et de se stabiliser en surf, le flotteur dirigé vers l'amont et venant s'appuyer sur la lame d'eau de la cassure. Plus l'inclinaison de la cassure sera importante, plus le flotteur aura une position verticale et te nageur devra éviter que l'avant de son flotteur enfourne (en tout cas au départ). Sur des rappels de faible puissance (ou de faible épaisseur comme tes rouleaux à rappel), on peut tenter d'accrocher avec ses palmes la lame d'eau de profondeur qui pourra vous tirer vers l'aval. On peut également chercher une sortie latérale en se déplaçant perpendiculairement aux lignes d'eau du ressac et placer une reprise de courant dans une veine d'eau latérale qui borde le rappel. On peut aussi essayer d'enfourner son hydro (chandeler) dans la lame d'eau pour que l'ensemble "bonhomme-hydro" se fasse éjecter par la langue d'eau de profondeur (pas évident à maîtriser). Certains pensent qu'il est plus facile de réaliser cette technique sans le flotteur, et d'avoir ainsi plus "d'aquaticité" avec son seul palmage permettant de mieux maîtriser la "partie sous-marine".

 

En raft

Si le raft ne flippe (se retourne) pas dans les premières secondes, il se met alors en "surf" tout seul. Le raft, poussé contre la lame d'eau qui a tendance à mordre sur le tube longitudinal amont, va ainsi rester bloqué en se cabrant violemment suivant la puissance de cette lame d'eau et pouvant exécuter des 360°. L'équipage averti ou sous les consignes du barreur doit réagir immédiatement car il s'agit en effet de contrecarrer l'effet de la lame d'eau qui peut retourner le raft.

Les équipiers doivent donc tous se déplacer très vite et se positionner sur le tube longitudinal aval et suivre les mouvements du raft en changeant de côté lorsque le raft part en rotation. Cette situation est très vite "stressante". Il faut alors essayer de tirer le raft hors du rappel en essayant d'accrocher une veine d'eau avec sa pagaie (comme le kayak), dans le même temps et si on a la chance de naviguer en convoi (les rafts se suivent) le guide peut s'accrocher soit directement, soit par un bout lancé au raft qui passe le plus près possible du rappel (c'est violent pour te guide mais ça marche bien).

Le guide peut également sauter dans le courant après qu'il ait attaché sa corde de sécu sur te raft et rejoindre la rive afin de tirer son équipage, soit utiliser la technique de l'ancré flottante qui consiste à sauter avec un bout ou sa corde dans la veine d'eau et attendre sous l'eau que le raft vienne (pas évident et uniquement sur des rappels de faible puissance).

Dans ces techniques, il est toujours primordial de repérer le meilleur angle de sortie et d'intervenir au moment opportun pour déclencher l'expulsion du raft.

Une autre technique consiste à dégonfler le fond du raft autovideur. A noter qu'un raft à fond plat se dégagera plus facilement des rappels car, en se remplissant d'eau, il se retournera très difficilement et son inertie lui permettra de se faire entraîner par la lame d'eau. En dégonflant le fond autovideur, on retrouve cette caractéristique.

 

2 - Sortir du rappel à la nage sans aide extérieure

 

Sortir d'un rappel à la nage est difficile et les personnes qui ont vécu cette expérience, toujours traumatisante, expriment leur impuissance quant au contrôle de la situation. Cependant, il y a quelques données qui permettent de se faire "éjecter" sur des rappels de "taille humaine". On peut différencier le fait de passer un rappel à la nage en arrivant de l'amont et se trouver dans le rappel suite à un dessalage ou lorsqu'on est rappelé sans vitesse. En effet, si vous êtes à la nage suite à un dessalage, et que vous ne pouvez pas éviter de passer dans un rappel, la technique consiste à rester bien collé à la lame d'eau et à descendre le plus profondément possible. Certains préconisent de se mettre en boule, soit de rester bien droit en ayant un mouvement des bras tendus paumes ouvertes vers le ciel du bas vers le haut, d'autres conseillent de prendre une position ventrale en essayant d'adopter une position de plongeur pour aller le plus profond possible et de nager sous le rappel. Le plus évident et le plus facile cependant consiste à se mettre en boule afin de limiter les parties de votre corps qui peuvent vous freiner et être attrapées par le ressac du rappel. Cela permet également, dans le cas d'un seuil, d'éviter le risque coincement et de se protéger des chocs éventuels. Dans le cas où l'on se fait rappeler malgré ces "dispositions" (tous les moyens sont bons) lorsque le ressac vous ramène vers la chute d'eau, vers ce qu'on appelle les eaux noires, c'est-à-dire tout ce qui n'est pas écume : la chute d'eau, la lame d'eau et le lit de la rivière. En effet, c'est à peu près la seule chose que vous pourrez distinguer à cet instant où l'on est brassé, désorienté par tes eaux émulsionnées et blanchies du ressac. En essayant d'atteindre ces masses d'eaux sombres vous avez quelques chances de vous faire attraper par la lame d'eau (à ce moment-là on peut essayer de se mettre en boule) et en restant te plus longtemps sous l'eau, ressortir du bon côté du bouillonnement du rappel. Le lit de la rivière peut être également d'un précieux secours, il peut vous servir pour progresser vers l'aval.

Certains encore conseillent d'enlever leur gilet pour pouvoir se faire prendre plus facilement par la lame d'eau (théorie très largement répandue durant les années héroïques mais pratiquement impossible à mettre en oeuvre avec les équipements modernes).

 

3 - Comment intervenir pour sortir quelqu'un d'un rappel

 

Dans un rappel, l'intervention extérieure d'un ou plusieurs sauveteurs reste souvent la seule solution pour que la ou les personnes puissent être extirpées du piège. Il faut cependant être conscient que sur certains rappels (type de rappel-barrage) même avec la présence de personnes compétentes décidées à opérer un sauve-tage, les efforts pour sauver les naufragés seront vains. En effet, dans certains cas la largeur et la puissance du rappel ne permettent pas qu'une intervention humaine avec des moyens classiques, puisse sauver des individus dans un pro-cessus de noyade dans les temps impartis, et peu-vent mettre également en danger mortel tes sau-veteurs qui tenteraient des gestes courageux. Le barrage à rappel est donc un danger de mort à éviter absolument (voir précédent numéro).

On peut différencier; bien que les techniques tendent à être les mêmes, l'intervention d'une équipe de sécurité prête à agir lors d'un franchissement d'un rappel jugé "risque acceptable" par le navigateur (notamment en haute-rivière) et le sauvetage improvisé lors d'une navigation enchaînée où l'un des bateaux se fait prendre dans un rappel.

Dans le premier cas, une équipe pour la sécurité se met en place après avoir étudié le rapide et le rappel. Le plus simple consiste à être présent sur la berge avec une corde et la lancer en cas de problème. Il faut souligner que tirer une embarcation, a fortiori un raft, un nageur est difficile, car si vous tirez parallèlement aux lignes de courant du ressac (axe longitudinal de la cassure) la traction est énorme (bien qu'un kayakiste pourra éventuellement se faire décoincer parallèlement au ressac en remettant son bateau à plat). Il vaut donc mieux tirer perpendiculairement au ressac et sortir l'embarcation qui se maintient en position de surf par un côté. Pour une personne, la difficulté est qu'elle flotte juste en dessous de la surface (peu de portance dans le ressac du rappel) et qu'elle visualise difficilement (et de moins en moins à mesure que les secondes s'écoulent) les actions et les cordes des sauveteurs. Dans un petit rappel, un nageur a des chances de rentrer en contact avec la corde, mais dès que le rappel s'élargit, la meilleure méthode consiste à encorder le sauveteur en mousquetonnant une corde en sac sur son gilet harnais et être tenu par l'équipe de sauveteurs qui reste sur la rive. Le sauveteur peut plonger dans le rappel, attraper la personne et se faire ramener par l'équipe qui est sur le bord. Il existe des variantes comme par exemple sauter avec une autre corde de sécu et mousquetonner l'embarcation ou le nageur.

On peut également utiliser cette technique par l'intermédiaire d'une embarcation reliée à la berge par la corde (sur le sauveteur et sur l'embarcation) sur des rappels un peu plus larges (on rentre ici dans l'extrême car la prise de risques devient très importante à partir du moment où le rappel s'étale en largeur et qu'il devient difficile d'accès). On peut également installer une tyrolienne mobile en traversant une corde et en la maintenant par deux équipes postées sur les deux rives opposées avec si possible un gilet attaché au milieu (mais aussi avec une embarcation), afin de l'amener au niveau du rappel.

 

Dans le cas d'un secours improvisé, on doit essayer de retrouver très vite la logique de la mise en place d'une sécurité préparée et utiliser les principes décrits ci-dessus. On peut cependant tenter quelques techniques visant soit à aider tout de suite la personne en difficulté (le sauveteur prend plus de risque), soit à essayer de "stabiliser" le nageur en lui lançant des objets flottants (embarcation, gilets, bouée...) qui lui permettent de se maintenir en "surf" en attendant que la sécurité s'organise. Une des plus pratiquées, mais elle s'adresse déjà à de fines pagaies ou à des bons nageurs en eau-vive, est de s'approcher le plus près possible du rappel, voire le tiers de votre embarcation dans le rappel, en espérant qu'il puisse attraper votre pointe. Le lancer de corde de sécu de l'embarcation peut être utilisé si l'on a un système de corde préhensible en position de navigation (sur le flotteur, sur le gilet..).Cette technique est efficace, mais elle demande une grande maîtrise car il faut ensuite tirer l'individu en provoquant souvent une ancre flottante si la traction exercée par le courant sur l'embarcation n'est pas suffisante. Le kayakiste peut donc dessaler; ou déjuper pour avoir une plus grande inertie (attention ensuite aux problèmes de cordes qui s'enroulent).

Certains indiquent qu'on peut réaliser une chaîne à plusieurs bateaux qui se tiennent entre eux pour s'approcher du rappel (pas du tout évident).

 

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