Paradoxes du Canoë-Kayak

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teamckm
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#1 Message par teamckm »

Reagissez à l'article "Les paradoxes du CK sont-ils solubles dans le temps ?"

PousseVolcan
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#2 Message par PousseVolcan »

Sur la forme, cet article est rédigé de manière à faire réagir ceux qui s'intéressent à l'évolution de ce sport. Mais, la rédaction émane d'une partition selon les 3 "domaines" que sont l'eau calme, l'eau vive et la mer. Aussi riche que puisse paraître cette présentation, les analyses émergeant des références historiques confèrent à cette publication un caractère ambivalent:

- d'un côté l'attrait pour l'environnement marque le consensus d'une façon "irrévocable". Qu'est-ce qu'un kayakiste écolo ? un pratiquant qui ne laisse rien trainer derrière lui ou un kayakiste qui se soucie de la préservation de "son" environnement de pratique ?
- de l'autre comment présenter l'avenir autrement que par la logique de la catastrophe? Heureusement, l'auteur ne berce ni dans l'angélisme ni dans un ton moralisateur. Se pose, seuleument la question de la représentativité de ses propos en dehors du champ du canoë-kayak.


Sur le fond,

Pourquoi la réflexion ne s'orienterait-elle pas vers la formation d'un goût urbain pour la nature comme le mentionne Patrice de Ravel?
N'est-ce pas ce qui caractérise les 3 domaines d'évolution ? Les tensions entre ville et nature, aménagements et culture de la "wilderness" (à la française) sont elles pertinentes ?

Patrice
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#3 Message par Patrice »


Désolé de ne pas avoir répondu plus tôt. Mais vieux motard…

Mon article repose sur un constat : le CK est un processus d'évolution continu qui lie historiquement toutes les disciplines, quelles qu'elles soient et quels que soient leurs sites de pratique. La partition qu'on constate aujourd'hui n'est qu'un trompe l'œil.
Le CK est né sur une idée : la recherche, et l'exercice, de la Liberté. L'attrait pour la Nature n'est pas un consensus entre pagayeurs écolos, mais une composante de cette liberté.
Le paradoxe vient de la confusion entre l'eau et le site (rivière, littoral). Le sport du CK n'a besoin que d'eau, si possible dans de jolis mouvements ; le pagayeur, lui, a besoin du site pour trouver la liberté convoitée. Ou sinon on ne parle que de compète et on trouve sa motivation dans les résultats, comme dans tous les autres sports. C'est ce à quoi les aménageurs de tout poil voudraient limiter le CK : un sport dans ses stades. Mais alors quid de la pratique non compétitive ? Un tour de manège bien encadré, dans une réserve ?

En matière de CK, toute recherche de nature sans recherche de la plus grande liberté possible dans cette nature, est restrictif. Cela reviendrait à limiter le CK à la seule recherche du geste parfait. On voit bien que même les compétiteurs au plus haut niveau ne se satisfont pas de cela.

A travers la mise en coupe réglée des sites de pratique par leur aménagement, et au moins autant par leur réglementation, c'est une part de liberté individuelle qui s'échappe ; la part de responsabilité individuelle qui permet de décider en son âme et conscience ce qui est bon (vital ou fatal) pour soi : y aller ou pas au moment choisi.
En cela aussi, et surtout, le CK est éducateur.

PousseVolcan
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#4 Message par PousseVolcan »

Merci pour ce point de vue qui éclaire, en partie, les questions que je me pose. Je suis d'accord avec cette vision de la partition qui n'est qu'un "trompe l'oeil" et cette dimension de la liberté de naviguer en CK qui serait constitutif de l'activité. Mais comment expliquer que ce processus reliant les disciplines entre elles fonctionne encore alors même que certains pagayeurs se soumettent à des règlements enfermant leur pratique dans des dispositifs contraignants (créneaux de navigation) ?

Je suis de ceux qui pensent que l'apparition de nouvelles modalités de pratique (le boater cross, pour l'exemple du freestyle) est le fait de la disparition d'anciennes modalités de pratique (le squirt boat, pour le même exemple). Il y aurait une partition circulaire des pratiques : lorsqu'une discipline progresse (slalom), une autre décline (descente). Quand un usage de l'eau est mis en avant, une autre manière de naviguer est dépréciée...

Descendre une rivière, quasiment de la source à la mer, n'est pratiquement plus possible, en France. Mais, comment expliquer ce fait autrement que par des grandes tendances (construction de barrages) ou des choix individuels ? Je ne peux apporter de réponse qu'en me remettant à l'article qui indique une mise en relation historique avec des orientations contemporaines (commercialisation des produits touristiques). La liberté, revendiquée à l'origine, perdure, par delà une diminution notoire des sites. Cette valeur se recompose sous une autre forme (l'illusion du style libre des "freestylers") déplaçant à nouveau les usages de l'eau.

J'avancerai l'idée que non seulement les problèmes de pratiques sont liés à l'accès à l'eau mais surtout à cette capacité à vouloir rester libre qui lie (encore) les disciplines entre elles.

Patrice
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#5 Message par Patrice »

quote:Posté par PousseVolcan

Mais comment expliquer que ce processus reliant les disciplines entre elles fonctionne encore alors même que certains pagayeurs se soumettent à des règlements enfermant leur pratique dans des dispositifs contraignants (créneaux de navigation) ?

On ne peut pas réduire l'évolution d'une pratique, voire d'un sport, aux comportements d'un ou plusieurs groupe(s) de pratiquants. D'autant que cela reviendrait aussi à enfermer ces pratiquants dans une seule forme de pratique : tous les compétiteurs ne sont pas que compétiteurs, pour reprendre ton exemple. De même il y a des marins freestyleurs, des ligneux descendeurs, etc.


quote:
Je suis de ceux qui pensent que l'apparition de nouvelles modalités de pratique (le boater cross, pour l'exemple du freestyle) est le fait de la disparition d'anciennes modalités de pratique (le squirt boat, pour le même exemple). Il y aurait une partition circulaire des pratiques : lorsqu'une discipline progresse (slalom), une autre décline (descente). Quand un usage de l'eau est mis en avant, une autre manière de naviguer est dépréciée...

Que je sache le squirt n'est pas mort (du moins pas plus qu'avant), il est seulement invisible.
Plus sérieusement, dire que c'est circulaire revient à affirmer que le CK actuel est un tout intangible en nombre de pratiquants, de visibilité, etc. Cela revient aussi à confondre la réalité de la pratique (dans sa diversité) avec son exposition médiatique. La force du CK est dans son histoire. C'est une des pratiques de loisir les plus anciennes. Qui est encore très vivace. Pour cette raison, le CK n'est pas sensible aux modes : il ne connaîtra pas de "boum" et sauf à couper l'eau partout, il durera. Reste à savoir (à inventer) comment. Pour l'instant, le développement du CK retourne aux fondations : loisir accessible à tous, sans vraiment de contraintes. C'est un recul technique mais une permanence dans l'esprit. Le défi est là : accroître, notamment pour des raisons de sécurité, le niveau technique moyen des pratiquants, sans anesthésier la recherche de liberté.

quote:
Descendre une rivière, quasiment de la source à la mer, n'est pratiquement plus possible, en France. Mais, comment expliquer ce fait autrement que par des grandes tendances (construction de barrages) ou des choix individuels ?

Ta base de réflexion est erronée. Descendre de la source à la mer est plus facile aujourd'hui qu'hier : matériel plus adapté et léger, le vagabondage n'est plus un délit, davantage de temps disponible. Seulement on n'en a plus envie, ou plus le courage.
La liberté de pratique ne se mesure pas en kilomètres, elle s'étalonne en prise de responsabilité : suis-je capable de décider d'un itinéraire et de le réaliser sans crier au secours dès que le vent tourne ? Pour cela, le CK a besoin d'espaces non-contraints.

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